Implantée sur les rives de la Charente, dans une distillerie créée en 1814, la maison de cognac A. de Fussigny est riche de plus de deux cents ans d’histoire. Détenteur d’un savoir-faire ancestral, le groupe sait innover et faire preuve d’audace pour décarboner son activité et viser le zéro déchet non valorisé. Son objectif ? Devenir le leader des spiritueux naturels à l’impact carbone le plus réduit du marché. Cette PME, qui défend le « mieux produire », est un acteur impliqué dans l’économie circulaire et l’éco-innovation.
Chiffres clés | A. de Fussigny
2 | 19 | 85% *bouchons, bouteilles, cartons ... | 100% | 97,2% |
Données 2023
Objectifs zéro déchets résiduels
Les déchets résiduels, autrefois nommés déchets industriels banals (DIB), sont en ligne de mire d’A. de Fussigny. Ce que souhaite le groupe ? Ne plus en générer du tout. En seulement une année, la maison de cognac est passée de 10 % à 2,79 % de déchets résiduels de 2022 à 2023. Pour relever le défi, la PME a pris différentes mesures comme l’explique Thomas Gonon, directeur d’A. de Fussigny : « Avant de penser à la meilleure façon de gérer nos déchets, nous réfléchissons à comment éviter d’en générer. Nous passons chacun de nos produits au crible, afin de voir tout ce qu’il est possible de remplacer, réduire ou supprimer. Nous privilégions les matériaux qui peuvent être réutilisés ou recyclés. Enfin, nos fournisseurs savent désormais que nous ne voulons plus de matières qui ne soient pas recyclables ou réutilisables. »
Les déchets non-valorisables sont stockés le temps de leur trouver une filière de valorisation. C’est par exemple le cas des plaques à filtration en cellulose, utilisées pour filtrer l’alcool. Elles ont été conservées deux ans par l’entreprise afin d’éviter qu’elles ne soient enfouies. Depuis peu, elles sont recyclées et utilisées comme combustible. Dix palettes de glassine, support des étiquettes collées sur les bouteilles, ont aussi été stockées jusqu’à ce que Veolia propose, fin 2021, une filière de valorisation.
Et objectifs zéro gestion de déchets dangereux
Les déchets dangereux sont également visés par cette politique drastique de production bio et naturelle. Plus de 80 % des produits chimiques ont ainsi disparu du site de production d’A. de Fussigny en une décennie, et la maison de cognac s’est fixée pour objectif de les rayer de la liste de ses déchets. Ils sont progressivement remplacés par des produits non chimiques, aptes au contact alimentaire. Grâce à cela, l’entreprise a pu s’affranchir des contraintes liées à la gestion des produits dangereux, et limiter le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) en sécurisant les gestes de tri de ses salariés. Le seul produit dangereux encore présent, mais qui devrait disparaître en 2024, sert à enlever les résidus de colle des bouteilles lors de problèmes d’étiquetage.
Bilan carbone, réemploi et économie circulaire
Longtemps utilisé, l’étain constituait la matière première des capsules souples qui entourent le col des bouteilles. « Nous avons conscience que c’est un matériau à lourd bilan carbone, et que les ressources ne sont pas infinies », précise Thomas Gonon. Le groupe a souhaité le supprimer en 2024 sans chercher à le remplacer. Une décision fidèle au leitmotiv du directeur d’A. de Fussigny « the less is the best ».
C’est également le cas des protections en plastique qui évitent aux capsules souples d’être abimées lors de la livraison. Après trois ans de discussion avec le fournisseur, ces protections ont été remplacées par du carton rigide que le groupe renvoie au fournisseur pour réemploi. Une petite victoire supplémentaire pour cette maison de cognac.
Il en va de même pour les palettes thermoformées utilisées pour le transport des bouteilles. Lavables et réutilisables par le fournisseur, elles remplacent depuis 2023 la plupart des palettes en cellulose. Avec cette nouvelle mesure, et après avoir supprimé les étuis à bouteille en carton de plus de 75 % de sa production, le groupe ambitionne de réduire au maximum le carton de ses déchets.
Chiffres clés | Déchets valorisés par A. de Fussigny
Papier / Carton | Verre | Plastique | Ferraille | Déchets dangereux |
32,91 tonnes | 10,96 tonnes | 4,73 tonnes | 390 kilos | 270 kilos |
*Données 2023
Le verre, important levier de décarbonation
Depuis juin 2023, la PME s’illustre dans une ambitieuse réduction de ses déchets de verre. Comment ? Tout d’abord en réduisant, dès 2018, le poids de ses bouteilles en verre de 15 % à 25 % selon la gamme de spiritueux. Puis, en remplaçant ses flacons de 5 cl et de 20 cl par du rPET, c’est-à-dire du PET recyclé à usage alimentaire. D’autres flacons ont depuis suivi, telles que les bouteilles 70 cl de la gamme Bio. Ces dernières sont recouvertes de fibre de lin, un végétal peu gourmand en eau et dont la France est premier producteur mondial. Le rPET, léger et résistant, contribue à une réduction de l’empreinte carbone lors du transport. En 2024, ce PET recyclé est progressivement remplacé par du PLA (acide polylactique), un bioplastique à base de résidu végétal compostable industriellement.
De plus, la maison de cognac a considérablement augmenté son seuil de tolérance à l’égard des bouteilles en verre affichant des défauts. Thomas Gonon espère ainsi contribuer à lever les freins psychologiques des consommateurs. Lorsque les défauts sont malgré tout trop importants, les bouteilles sont retournées aux verriers pour être recyclées. Stéphane Laboussole, responsable QHSEI (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement, Infrastructure), explique travailler main dans la main avec les verriers : « Quand des défauts récurrents sont constatés, nous faisons remonter l’information au fournisseur pour que le problème soit identifié au niveau de la chaîne de production et résolu dans les meilleurs délais pour éviter les déchets ».
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