Yoann Simonet, artisan-fenêtrier à Angoulême (16), à la tête d’une entreprise de onze salariés, fait évacuer par Veolia - par l’intermédiaire de Valdelia - jusqu’à 6 tonnes par mois de menuiseries déposées sur chevalets : « Auparavant, nous mettions les fenêtres et les portes démontées dans une benne tout-venant. C’était pour nous un vrai gâchis de savoir que ce n’était pas recyclé ! ». Menuiserie 2000 fait partie des toutes premières entreprises à bénéficier d’une filière organisée de valorisation des menuiseries. Elle préfigure celles qui émergent partout en France avec la mise en place de la responsabilité élargie du producteur de produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment (REP PCMB, aussi appelée REP Bâtiment), telle que prévue par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi 2020-105 du 10 février 2020, dite loi AGEC).
D’abord, la démonstration de la valorisation à 95 % des fenêtres anciennes
Tout a commencé début 2022 près de Cognac, en Charente. Bertrand Faurie, pdg du Groupe Homnia, fabricant et installateur de fenêtres, portes et volets, décide d’expérimenter le recyclage des fenêtres et portes anciennes issues de ses chantiers de rénovation pour en mesurer la faisabilité. Avec le concours de l’établissement d’aide par le travail (ESAT) voisin, il met en place un atelier interne. A raison de deux jours par semaine, deux personnes de l’ESAT, encadrées par un menuisier, démantèlent les fenêtres et séparent les matières pour permettre leur valorisation : bois, verre, PVC, aluminium…Tous ces matériaux trouvent sans peine des repreneurs et une réutilisation. En quelques mois, la démonstration est faite : le taux de valorisation constaté est de 95%.
Bertrand Faurie crée alors l’entreprise Val’Homnia qui, au-delà du gisement propre d’Homnia, valorise les déchets des menuiseries de ses confrères artisans-fenêtriers et menuisiers implantés en Charente et Charente-Maritime.
Autour de cette première initiative, se réunissent Valdelia, éco-organisme agréé par l’Etat, ainsi que Veolia, pour participer à l’expérimentation grandeur nature des modes opératoires et des coûts liés à la mise en place la future REP Bâtiment appliquée aux menuiseries, dans un périmètre géographique restreint.
L’expérimentation d’une filière de valorisation des fenêtres pour prendre en compte toutes les contraintes des artisans
Eco-organisme agréé par l’Etat pour opérer la filière des déchets du secteur du bâtiment, Valdelia a souhaité mener l’expérience en vue de disposer d’un suivi réel des coûts de la collecte et du recyclage des menuiseries du bâtiment. L’expérimentation l’a aidé à définir le barème d’éco-contribution demandé aux fabricants de menuiserie, au plus près des coûts réels de leur valorisation.
« Au départ, nous avions imaginé cette évaluation uniquement sur la base d’apports volontaires, sur chevalet, dans plusieurs déchèteries professionnelles de Charente et Charente-Maritime, explique Flore-Anne de Clermont, responsable Innovation chez Valdelia. Puis Veolia nous a proposé de tester la collecte mutualisée directement chez les artisans fenêtriers - à partir d’un certain seuil toutefois pour encourager la massification et optimiser le coût du transport ».
Un vrai geste pour la planète en attendant la REP Bâtiment !
Parce que les menuiseries recyclées échappent à la taxe générale sur les activités polluante (TGAP), l’entreprise de Yoann Simonet, Menuiserie 2000, a réalisé une économie sur le budget déchets de l’ordre de 20 % par rapport au précédent coût des deux bennes utilisées pour l’évacuation des menuiseries. Ajoutons que les palettes-chevalets sur lesquelles sont reçues les fenêtres neuves, autrefois transportées « à vide » pour être recyclées, sont aujourd’hui toutes réutilisées.
La collecte préservante, permettant le réemploi de menuiseries, demande un peu de méthode car ranger les menuiseries anciennes sur les chevalets prend plus de temps et de rigueur que de les « jeter » dans une benne. Sans compter que les vitres ne doivent pas être cassées :
« J’ai profité du recrutement d’une nouvelle personne pour lui confier la préparation de la collecte. C’est une charge de travail supplémentaire, mais c’est aussi une question de méthode et de nouvelles habitudes à prendre. Dès que nous avons rempli 8 à 9 palettes/chevalets de menuiseries, nous n’avons plus de place de stockage. Alors, nous appelons Veolia pour l’enlèvement. La collecte sur site représente une vraie plus-value. Si nous devions, tous les quinze jours en moyenne, le faire nous-même et aller jusqu’à une déchèterie, nous perdrions beaucoup plus de temps. »
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