Des blocs de béton modulables, réalisés avec les déchets de chantier les plus fins

Economie circulaire – A Rennes, avec l’entreprise Inerta, Veolia transforme la fraction la plus fine des déchets de chantier, chargée de plâtre, en blocs de béton non constructif. L’aboutissement de ce travail de R&D concrétise les vertus d’une économie circulaire des matériaux de construction et vient soulager la tension sur la ressource en sable.

Une matière minérale recyclée pour des blocs de béton mobiles

Restent parmi les flux issus des différents traitements du centre de Trivel ce que, dans le métier, on appelle les « fines de déchets de chantier » ou encore les « FT5 ». Chargée en plâtre, cette fraction des gravats inférieure à 5 mm présente une composition chimique qui, en l’état, la rend difficilement valorisable.

Pourtant, en coopération avec le Laboratoire de génie civil et génie mécanique (le LGCGM, sous tutelle commune de l’Insa de Rennes et de l’université de Rennes 1), avec l’entreprise Inerta, dotée d’une unité de production de béton, et avec le soutien de l’Ademe, les équipes du service Innovation de Veolia en région Centre-Ouest ont relevé le défi d’une valorisation de ces fines de chantier. 

L’enjeu ? Proposer aux professionnels une matière minérale recyclée qui permette la composition d’un béton non constructif et participe à réduire les extractions de sables, une ressource en tension.

Potentiel de production de blocs de béton à partir des fines de Trivel

Cette solution de valorisation, qui s’appuie sur un écosystème local et vertueux, constitue une bonne illustration des vertus environnementales, économiques et sociales de l’économie circulaire.

Début 2022, les 300 premiers blocs de béton produits par Inerta venaient équiper les déchèteries Veolia de la région, permettant la création d’alvéoles de dépôt des déchets. Ces blocs servent également de murs de sécurité incendie ou de modules de mobilier urbain, se prêtant à la création d’aménagements temporaires.

L’étape de formulation du béton, élaborée par des chercheurs

Pour aboutir dans la formulation d’un béton à base de fines de chantier, Veolia a fait appel au Laboratoire de génie civil et génie mécanique (LGCGM) qui accueille des équipes d’enseignants chercheurs de l’Insa Rennes et de l’université de Rennes 1. Ce laboratoire intervient, entre autres, sur la caractérisation des matériaux et des liants hydrauliques, de leur formulation à l’analyse de leur comportement. Il travaille depuis plusieurs années sur les opportunités de valorisation du gypse (plâtre), ce qui le désignait pour participer à ce projet puisque les fines de granulats (les FT5) sont chargées en plâtre.

La contribution du laboratoire a débuté par la caractérisation du flux traité à Trivel et par l’analyse de sa granulométrie et sa stabilité. La destination du béton en blocs modulables a permis d’éviter les exigences complexes d’un cahier des charges de béton de structure. La teneur élevée en gypse a nécessité de composer un liant qui permette de le neutraliser. Par ailleurs, la présence de sable dans les FT5 a permis de s’affranchir du sable de carrière. 

Puis sont intervenues les phases de validation, d’abord dans une simple bétonnière puis dans l’unité de production de béton d’Inerta.

La phase d’essais de construction des blocs avec Inerta

Inerta est une PME de 12 personnes, basée à Ancenis (44) et Hennebont (56), intervenant dans la valorisation des déchets inertes issus de chantiers de démolition : concassage, criblage des déchets, broyage… Disposant d’une unité de production de béton, l’entreprise propose depuis plusieurs années des blocs modulaires. Emboitables et démontables indéfiniment, facilement manutentionnables, ce sont eux qui vont permettre l’expérimentation puis la mise en application du béton à base de fines de Trivel.

Pour l’entreprise Inerta, l’occasion est donnée d’innover dans l’utilisation frugale des ressources tout en s’appuyant sur une démarche scientifique, bénéficiant de la force de frappe d’un grand acteur de la transformation écologique et de l’expertise d’un laboratoire de recherche. « Veolia a eu la volonté de faire confiance à une PME pour trouver des solutions nouvelles et pour aller vite. C’est appréciable ! », souligne Géric Garaud, pdg d’Inerta.

Bilan carbone de la production d’un bloc de béton modulable

Une solution d’économie circulaire de valorisation des déchets du bâtiment en cours de duplication

Avec un bilan carbone largement favorable (pas ou moins d’extraction de sable, moins de transport…), la démonstration de la pertinence de la valorisation des fines de chantier est désormais acquise. 

Veolia étudie désormais la duplication de ce modèle d’économie circulaire en recherchant des partenaires à proximité de ses autres centres Veolia de traitement des déchets du secteur du BTP, par exemple à Bonneuil-sur-Marne ou à Nice.